La mosaïque "épicurienne" de Lambiridi : une guérison par l'image ?

Contrairement à l'opinion de J. Carcopino dans Aspects mystiques de la Rome païenne, la mosaïque d'« emblema » du tombeau découvert en 1918 à Lambiridi, déposée au Musée d'Alger et datée du 4e s., ne constitue pas un monument inspiré des doctrines hermétiques. À la base du médaillon central, insérée dans une tabula ansata, une inscription grecque reproduit un formulaire assez commun sur l'instabilité de l'existence, qui relève au moins d'un épicurisme diffus. La scène figurée dans ce médaillon représente la consultation médicale d'un malade décharné par un praticien qu'il faut assimiler à la philosophie, selon une thématique singulièrement chère aux épicuriens et vérifiée par de nombreux parallèles. Au-dessus, une vignette montre un cadavre inerte enveloppé dans son linceul, rappel, épicurien lui aussi, de la mort inexorable. Au-delà du cercle de l'« emblema », des Géants anguipèdes symbolisent, quant à eux, les superstitions menaçantes qui remplissent l'homme ordinaire de terreur, mais dont se trouve délivré le sage qui a pu bénéficier de la thérapie du maître. Sur son épitaphe, gravée en grec sur le sarcophage qui fait face à l'entrée, Cornellia Urbanilla, la défunte, se déclare en effet « sauvée d'un grand danger » et le programme décoratif qu'elle a commandé pour sa tombe prend valeur de message salvateur. (APh n°77-14906)