Les ateliers locaux de mosaïstes en Lusitanie: entre mythes romains et réalités hic et nunc

Le répertoire iconographique adopté ou adapté par les mosaïstes locaux à l’œuvre dans les villes comme dans les villas de Lusitanie, à commencer par les ateliers de la capitale, Mérida, permet de se poser la question du degré de pénétration de l’imaginaire romain dans les décors de la vie privée et de l’existence, ou non, d’une résistance locale à la force de l’imaginaire dominant. Le nombre de documents concernés, relativement limité, ne permet pas d’établir de statistiques ayant une valeur démonstrative mais le choix de certains sujets, la façon de les aborder, et la date à laquelle ils apparaissent de préférence permet d’entrevoir quelques spécificités lusitaniennes par rapport à l’ensemble de la péninsule Ibérique. De ce point de vue, nous examinerons en détail une mosaïque de Mérida datée du IVe s. et illustrant le thème d’Orphée, le thème bacchique, le thème de la chasse et celui des pygmées en action dans une géranomachie – thème exotique inattendu en terre lusitanienne. La marge de manœuvre des mosaïstes locaux dans ce domaine est faible mais significative du point de vue de l’adaptation des sujets à la mentalité de leurs commanditaires et de l’esthétique – forme et couleurs – qui leur est propre, et qui constitue leur manière de se les approprier. (Résumé auteur)