Des noms qui n’en sont pas : fausses interprétations ou mauvaises lectures d’inscriptions africaines en mosaïque

Revenant, en hommage au grand épigraphiste Louis Maurin, sur quelques inscriptions africaines en mosaïque, bien connues, qui sont censées enrichir nos connaissances en onomastique, on démontre qu’il n’en est rien : le NICADI de Ras el Jbel (Tunisie) n’est pas un nom de personne (encore moins de mosaïste), mais une acclamation latino-grecque du type ASINVS NICA (Djemila, Algérie) ou encore ONED ASNVM (Ouled Haffouz, Tunisie) ; l’ÉROS de Dougga n’est pas un nouveau nom d’aurige, mais bien celui de la divinité elle-même ; les mots MYRO, FRVCTVS et VICTOR sur une mosaïque d’Oudhna ne donnent pas les noms des trois personnages de l’image, occupés à se verser du vin, mais forment une phrase, titulus célébrant la toute-puissance du fruit de la vigne ; quant à la MARGARITA et au RIDDEI de la synagogue de Hammam Lif, ils n’ont eu un semblant d’existence que par la grâce d’une mauvaise lecture du CIL VIII (Supplément 1, n° 12457), puisqu’il fallait en réalité lire MARGARITARI, joaillier, nom de métier qualifiant l’archosynagogus Rusticus, père du dédicant Asterius (ce qu’avait bien vu, dès l’origine, Ernest Renan), suivi de l’abréviation D(omvs) DEI, ou plutôt, sans doute, D(e) (donis) DEI.