La culture des élites d’après les inscriptions et/ou les illustrations de scènes littéraires dans les mosaïques tardives d’Hispanie

L'auteur analyse le florilège étonnant de scènes littéraires qui reflètent la vie culturelle originale des derniers propriétaires (païens ?) des villae étudiées. Quelquefois accompagnées d’inscriptions, en grec ou en latin, ou, exceptionnellement, dans les deux langues à la fois, elles invitent à réfléchir sur la signification exacte du lien ainsi établi entre le texte et l’image. On rencontre : - des illustrations de scènes épiques à Cabezón de Pisuerga (Valladolid) – une scène du chant VI de l’Iliade clairement identifiée par deux inscriptions, l'une en grec l'autre en latin – et à Rielves (Tolède). À Pedrosa de la Vega (Palencia) et à Santisteban del Puerto (Jaén) est représentée la scène d’Achille à Skyros et, à Mérida (Badajóz), le banquet des Sept Sages dissertant sur la restitution de Briséis à Achille, illustrant le chant I de l’Iliade, v. 331-349. La scène des adieux de Briséis à Achille orne une salle de la villa de Carranque. - des illustrations de scènes théâtrales se référant à la tragédie classique gréco-romaine, mais aussi à la comédie de tradition romaine, dans les villae d’Arellano (Navarre) – la scène de la déclaration de Phèdre à Hippolyte, identification de l'auteur –, de Torre de Palma (Monforte, Portugal) – Hercules furens et Médée méditant l'infanticide –, pour les images de tragédie classique et, dans la villa de Puente Genil (Cordoue), pour la géranomachie à inscriptions latines de type comique. Ces documents invitent à rectifier l’opinion courante sur une Antiquité tardive « inculte et pressée », selon G. Fry. Les illustrations de scènes littéraires dans les mosaïques d’Hispanie montrent à l’évidence, au contraire, l'attachement des propriétaires de ces villae à la paideia classique.